Chronologie des Fluides Frigorigènes
Chronologie des Fluides Frigorigènes
Cette page présente une vue d'ensemble chronologique des principaux fluides frigorigènes utilisés dans l'industrie du froid, depuis les premières applications au XIXe siècle jusqu'aux solutions récentes à faible impact environnemental. Les fluides frigorigènes ont évolué pour répondre aux exigences de performance, de sécurité et de protection de l'environnement (appauvrissement de la couche d'ozone, réchauffement climatique).
1. Contexte historique et premières années
Les premiers systèmes de réfrigération utilisaient des fluides naturels (ammoniac, dioxyde de carbone, éthers, etc.). Les calories spécifiques élevées et la disponibilité relative conduisaient à ces choix, malgré des problèmes de toxicité ou de pression élevée.
Tableau 1 : Chronologie des fluides naturels et premiers réactifs
Année | Fluide frigorigène | Contexte / Événement |
---|---|---|
1850 | Dioxyde de carbone (CO₂) | Première utilisation pratique enregistrée par Alexander Twining (Angleterre), expérimentations sur la compression de CO₂ pour produire du froid. |
1858 | Ammoniac (NH₃) | Ferdinand Carré (France) met au point une machine frigorifique à absorption utilisant de l’ammoniac et de l’eau. |
1876 | Éther éthylique | William Cullen (Écosse) et plus tard Jacob Perkins aux États-Unis conçoivent des prototypes de machines frigorifiques à éther, malgré la dangerosité (inflammabilité). |
1890 | Isobutane (R‐600a) et Propane (R‐290) | Usage expérimental comme fluides frigorigènes dans certains premiers systèmes d'ammoniaque pour réduire la toxicité, bien que la norme électrique ne soit pas encore adaptée. |
2. Ère des halogénés (début XXe siècle)
Avec la découverte des composés chlorés et fluorés, on a cherché des fluides moins toxiques et moins inflammables que l’ammoniac ou les hydrocarbures. Les CFC (chlorofluorocarbures) et HCFC (hydrochlorofluorocarbures) sont apparus comme des solutions commerciales majeures, avant que leur impact sur la couche d’ozone ne soit avéré.
Tableau 2 : Introduction des CFC et HCFC
Année | Fluide frigorigène | Propriétés / Événement |
---|---|---|
1928 | R-12 (Dichlorodifluorométhane, CCl₂F₂) | Commercialisé par DuPont sous la marque « Freon-12 ». Non toxique, non inflammable, très répandu dans les réfrigérateurs domestiques et les systèmes automobiles. |
1930 | R-11 (Trichlorofluorométhane, CCl₃F) | Utilisé dans les systèmes de réfrigération industriels et certains climatiseurs centraux. Largement déployé jusqu’à l’idée que les CFC participent à l’appauvrissement de la couche d’ozone. |
1931 | R-22 (Chlorodifluorométhane, CHClF₂) | Considéré comme HCFC (faible potentiel d’appauvrissement de la couche d’ozone par rapport aux CFC) : largement employé en climatisation résidentielle et commerciale jusqu’aux années 2000. |
1950 | R-502 (Mélange CFC/HCFC) | Mélange de R-22 et R-115 (Chloropentafluoroéthane, C₂ClF₅) : utilisé dans les applications industrielles à très basse température (congélateurs, abattoirs). |
1974 | Étude de Molina et Rowland | Publication du lien entre les CFC et l’appauvrissement de la couche d’ozone. Début du débat mondial sur la réglementation des CFC/HCFC. |
1987 | Protocole de Montréal | Signature du protocole international limitant progressivement la production des CFC, puis des HCFC. |
3. Transition vers les HFC (années 1990–2000)
Pour remplacer les CFC/HCFC, les industriels se sont tournés vers des HFC (hydrofluorocarbures) qui ne contiennent ni chlore ni brome, évitant ainsi l’appauvrissement de la couche d’ozone. Cependant, leur potentiel de réchauffement global (PRG) s’est révélé élevé, ce qui a conduit à rechercher à nouveau des substitutions.
Tableau 3 : Développement et adoption des HFC
Année | Fluide frigorigène | Applications / Remarques |
---|---|---|
1990 | R-134a (Tétrafluoroéthane, CH₂FCF₃) | Remplace massivement le R-12 dans les systèmes de climatisation automobile. Faible PRG comparé au R-12, mais PRG encore élevé (≈ 1430). |
1992 | R-404A (Mélange HFC, R-125/R-143a/R-134a) | Applications commerciales et industrielles (réfrigération de supermarchés). PRG élevé (≈ 3922), source de critiques écologiques. |
1996 | R-410A (Mélange HFC, R-32/R-125) | Adopté pour la climatisation résidentielle et commerciale en remplacement du R-22. Pression de fonctionnement plus élevée, meilleur rendement énergétique, mais PRG élevé (≈ 2088). |
2000 | R-404A R-407C (Mélange HFC, R-32/R-125/R-134a) |
Multiplication des mélanges HFC pour optimiser performance et sécurité. Les réglementations sur le PRG se renforcent (Protocole de Kyoto, amendement de Kigali en 2016). |
4. Vers des solutions à faible PRG et fluides naturels (années 2010–aujourd’hui)
Le souci du réchauffement climatique a conduit à limiter progressivement les HFC à haut PRG. Deux grandes familles émergent : les HFO (hydrofluoro-oléfines) à PRG faible (< 10) et le retour progressif aux fluides naturels (CO₂, hydrocarbures, H₂O). Les normes européennes (F-Gas) et l’amendement de Kigali imposent des quotas et favoriseront ces solutions.
Tableau 4 : Nouveaux fluides et tendances récentes
Année | Fluide frigorigène | Propriétés / Contexte |
---|---|---|
2013 | R-1234yf (Tétrafluoropropène, HFO-1234yf) | Substitut du R-134a dans la climatisation automobile. Très faible PRG (< 4), légèrement inflammable (ASHRAE A2L). |
2015 | R-744 (Dioxyde de carbone, CO₂) | Émergence de systèmes « transcritique » pour réfrigération commerciale et supermarchés. Fluide naturel, PRG = 1, mais pressions de travail très élevées. |
2016 | Amendement de Kigali (Protocole de Montréal) | Accord international visant à réduire progressivement l’utilisation des HFC à haut PRG. Mise en place de calendriers de déclin (phase-down) jusqu’à 2036. |
2018 | R-455A (Mélange HFO/HFC) | Employé en climatisation comme alternative au R-410A : PRG réduit (≈ 148), performances comparables, inflammabilité modérée (A2L). |
2020 | R-32 pur (Difluorométhane, HFC-32) | Adopté dans certains climatiseurs résidentiels (ex. splits mono-bloc) pour remplacer R-410A : PRG réduit à 675, puissance frigorifique compétitive, inflammabilité modérée (A2L). |
2022 | R-290 (Propane) | Retour des hydrocarbures en réfrigération domestique (frigos, congélateurs) et en petits climats. Très faible PRG (< 6), haut rendement, mais inflammabilité (A3). |
2024 | R-454B (Mélange HFO/HFC) | Substitut émergent pour R-410A dans la climatisation résidentielle : PRG ≈ 466, inflammabilité (A2L), bonnes performances énergétiques. |
2025 | R-1233zd(E) (Trifluorpropène, HFO) | Essais en circuit secondaire (eau glycolée) pour les installations commerciales et industrielles. PRG < 1, application encore en phase pilote. |
5. Synthèse des familles de fluides frigorigènes
Pour mieux comprendre l’évolution, voici un tableau comparatif récapitulatif :
Tableau 5 : Comparaison des principales familles
Famille | Exemples de fluides | PRG approximatif | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|---|---|
Fluides naturels (Ammoniac, CO₂, hydrocarbures) |
NH₃, R-744, R-290, R-600a | ≤ 3 (CO₂ = 1, hydrocarbures < 6) | Très faible PRG, abondance, bon rendement énergétique. | Toxicité (NH₃), inflammabilité (hydrocarbures), pressions élevées (CO₂). |
CFC (Chlorofluorocarbures) |
R-12, R-11, R-502 | 1000–10000 | Stabilité chimique, non inflammables, non toxiques. | Destruction de la couche d’ozone, PRG élevé, interdiction progressive depuis 1990. |
HCFC (Hydrochlorofluorocarbures) |
R-22, R-123, R-124 | 100–2000 | Moindre impact sur la couche d’ozone que les CFC, but de transition. | Potentiel d’appauvrissement de l’ozone (modéré), PRG encore élevé. |
HFC (Hydrofluorocarbures) |
R-134a, R-404A, R-410A, R-32 | ≥ 600 (jusqu’à 3900) | Pas d’impact sur la couche d’ozone (zéro ODP). | PRG élevé, réglementation stricte (phase-down HFC). |
HFO (Hydrofluoro‐oléfines) |
R-1234yf, R-454B, R-1233zd | < 10 (voire < 1 pour certains) | Très faible PRG, pas d’ODP, bonne compatibilité énergétique. | Inflammabilité (A2L), coût encore élevé, maturité industrielle en cours. |
6. Perspectives et évolutions futures
Les réglementations internationales (F-Gas en Europe, amendement de Kigali) imposent une réduction drastique des gaz à fort PRG d’ici 2030–2035. Les axes de recherche et développement se concentrent sur :
- Fluides naturels : optimisation des cycles transcritiques CO₂ et amélioration des systèmes à hydrocarbures (sécurité, efficacité).
- HFO modifiés : mélanges HFO/HFC à PRG < 150 pour remplacer le R-410A et R-404A.
- Systèmes hybrides : circuits secondaires (eau, glycol), CO₂ cascade, couplage avec énergies renouvelables.
- Technologies alternatives : refroidissement magnétique, thermoélectrique, systèmes adsorption/absorption à signaux électriques.
D’ici 2030–2040, on devrait voir une adoption généralisée des fluides à PRG très bas (HFO, CO₂) dans tous les secteurs (domestique, commercial, industriel, automobile). Les enjeux climatiques et énergétiques continueront à orienter les choix vers des solutions plus durables et sûres.
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